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Fin de saison, terminé, bonsoir !

25 novembre 2022, par Nico

J’ai failli mettre "Clap de fin gnagnagna...", en titre d’article, et puis je me suis rendu compte que j’avais déjà sans doute déjà écrit ça l’année dernière à la même date jour pour jour... Et peut-être l’année d’avant aussi...

Vous n’hésiterez pas à copieusement m’insulter dans les commentaires si je venais à réutiliser de façon récurrente titres, blagues, jeux de mots et autres contrepèteries dans mes nouveaux articles. Parce que c’est inadmissible.

En parlant de contrepèteries, c’est comme quand tu finis un "Où est Charlie ?", vous pouvez, si vous êtes motivés, relire attentivement tous les articles, il n’est pas impossible qu’il y en ait une ou deux qui se soient discrètement glissées dans mes textes. Enfin je dis ça, vous faites comme vous voulez... Je ne voudrais pas non plus fâcher le lecteur...

Revenons à nos pommes si vous le voulez bien, parce que là, bon, vous vous égarez, chers amis.

C’en est donc fini pour cet automne, tout a été ramassé, pressé. Tout est rentré, au chaud, (ou plutôt "au frais"), dans la cave ; et c’est maintenant que commence pour nous la seconde partie du travail, "l’élevage" des cidres, le suivi des fermentations des cuvées, et tout ce qui permettra de passer du moût de pommes à des cidres élaborés, riches en saveurs et en arômes. On en reprend pour 3 ou 4 mois environ (les mises en bouteilles, c’est avec l’arrivée du printemps qu’on les termine, en général). Suivra la prise de mousse et ses trois mois supplémentaires. Ça y est, nous sommes en été.

P[biiiip]ain, je trouve que ça passe de plus en plus vite, les saisons s’enchaînent à une vitesse... Après l’été (chez nous chargé en animations et fréquentation), l’automne et la récolte arrivent avec une pause qui se réduit de plus en plus (nous avons commencé à ramasser des pommes le 20 septembre cette année !... c’est très (...trop...) tôt...

Puis il faut enchaîner sur le travail de cave, soutirages, filtrations, assemblages, pour aboutir sur les mises en bouteilles. Puis arrive le printemps, la boutique réouvre 6j/7, puis l’été et c’est reparti !... En fait ça ne s’arrête jamais, et je vous mentirai si je vous disais que je n’avais pas déjà 30% de mon cerveau déjà mobilisé sur la récolte 2023, 30% sur l’organisation de l’été, 30% sur les mises en bouteilles et comment gérer mes fermentations et assemblages pour tirer le meilleur de cette récolté 2022, 30% de mon cerveau aussi entre la musique baroque et le reggae-music, et les 5 derniers % sur la grande question qui me hante : "dois-je oui ou non reprendre quelques cours de maths ?"...

Nan, mais, blague à part, c’est vrai que c’est quand même dense... Avec les loups...

Le moment est venu de faire appel à Jacky et Ben-J, pour un petit bilan de la saison 2022, en chiffres et en lettres :

  • "bizarre" serait l’adjectif qui correspondrait le mieux
  • "Maigre", peu de pommes sur la presqu’île de Crozon cette année
  • "Concentrée", (beaucoup de pommes mûres en même temps : un mois d’octobre terrible !)
  • Sucrée  : des densités (masses volumiques = taux de sucre) très élevées cet automne, dues à un été chaud et sec
  • 200 tonnes de pommes transformées (en cidre, jus, pommeau, lambig...)
  • Beaucoup de frelons asiatiques sur les pommes
  • 2 côtes cassées
  • 1 palox renversé à re-ramasser
  • 1 tapis de déterreur qui nous lâche le dernier jour de pressage (merci tapis, d’avoir attendu)
Etirements

Saison bizarre oui, au début de la récolte, fin septembre, au bout de 4 jours à ramasser les pommes, on se demandait un peu ce qu’on allait pouvoir faire les jours suivants... Pas de pommes.... Je ne vous cache pas que l’on était pas trop sereins (ni perruches, ni toucans, ni rien du tout d’ailleurs...).

C’était sans compter sur l’incroyable capacité du pommier, et de la nature en général, à nous surprendre. (Des phrases à la c.. de ce genre là, j’en ai en stock...)

Au niveau estimation de récolte (tu sais, le truc que les professionnels comme nous sont normalement capables de faire fin août en se baladant en diagonale dans un verger, la tête en l’air, avec un air profond et concentré, et d’annoncer, en en ressortant : "50 tonnes", et de tomber juste à 30kg près quand vient l’heure des comptes fin novembre), au niveau estimation de récolte, donc, je disais, on était déjà pas des flèches, mais là cette année, on est redescendu en catégorie "grosses buses".

La récolte a été maigre sur le secteur presqu’îlien, je le disais, mais certains vergers nous ont quand même évité la cata totale, en nous donnant des fruits en quantité, là où nous pensions ne rien ramasser. Incroyable.

L’été chaud et sec n’a pas permis aux pommes de grossir, pire, même, les arbres, face à cette sécheresse exceptionnelle, se sont débarrassés d’une bonne partie de leurs fruits. Si bien qu’à la fin août, les pommes étaient quasiment invisibles dans les arbres de certains vergers.

Septembre et octobre sont arrivés (si on peut dire qu’un mois "arrive", je pense que personnifier un mois, en disant qu’il "arrive", genre : "salut c’est moi, ben voilà, j’arrive, j’étais par là-bas, et puis je me suis dit, tiens, je vais passer" ça reste un truc un peu bizarre, mais bon...) ; un peu de pluie dans leur sac à dos (oui les mois préfèrent le sac à dos à la valise... ne cherchez pas, c’est comme ça...), et les fruits ont gonflé, ont "pris du calibre" comme on dit, pour finalement donner 50t là où on en prévoyait 10 !...

Singe

Le truc le plus incroyable, et où vous allez me dire que je suis vraiment un gros mytho, c’est que j’ai passé mon été à raconter à tout le monde que nous allions, la faute à la sécheresse, ramasser des "billes", des fruits très petits, par le manque d’eau ... En réalité, ce qui s’est passé, c’est l’inverse ! Sur certaines variétés, nous n’avons jamais ramassé des pommes aussi grosses !

Pourquoi ? Et bien je pense simplement parce que les arbres, s’étant débarrassés d’une bonne partie de leurs fruits pendant l’été (vous vous souvenez ?), ben ceux qui ont résisté à la chute physiologique (et bim, un petit terme technique au passage) ont trouvé, l’automne venu, la place sur leurs branches pour grossir et se développer dès que la pluie est arrivée !... C’est ce qu’on appelle "un éclaircissage naturel". Incroyable !.. Le pommier est quand même vraiment un arbre magique.

Bon, vivement quand même que nos vergers entrent tous en production, pour nous assurer, à terme (c’est à dire pas encore demain...) chaque année une récolte abondante !

Tiens, anecdote qui a son importance et du sens : cette année, pour la première fois depuis nos débuts, nous nous sommes passés de la machine à ramasser ! Tout ce que nous avons ramassé l’a été à la main, avec une équipe, un C.R.O.U (oui, j’écris "crew" de cette façon là, ne cherchez pas, à mon niveau c’est de l’ordre du religieux...) de ramasseurs au taquet, pendant deux mois.

La variété qui nous aura peut-être le plus étonnée cette année est C’huero Briz, une variété de pomme à cidre assez précoce, souvent mûre avant les autres, dès la fin septembre (ce qui est d’ailleurs tous les ans un peu problématique, car on a tendance à commencer à la ramasser un peu "en retard", début octobre). Cette année, nous étions prêts au bon moment pour elle (vu le peu de pommes, il n’était pas envisageable d’en perdre une seule cette année !), et mine de rien, nous en avons ramassé jusque début novembre ! À chaque nouveau passage, les arbres s’étaient déchargés d’une nouvelle quantité de fruits, et nous étions bons pour en ramasser encore quelques paloxs.

Un an à la cidrerie (non exhaustif)

Voila, maintenant, tout est en cuve, pressé, le rush de la récolte est passé. Il va falloir s’enfermer dans la cave pour s’occuper de tout ça... Et je vous avoue que je suis moyennement motivé aujourd’hui... Ça va revenir, c’est sûr, mais casser le rythme intense de récolte/pressage, réveil à 5h, coucher avant les plus couche-tôt des poules, et toute la logistique à gérer, pour revenir sur quelquechose de plus "correct", ça me demande plusieurs jours d’adaptation.

Peut-être un peu comme quand tu finis la route du Rhum, sans doute. (Sans se manger de bouée 1 h après le départ, et sans s’échouer sur les plages... Sans déconner... Les mecs, ils m’ont énervé ! Cette année encore plus que d’habitude ! (Je vous ferai peut-être part de ma chronique "Course au large et branquignolade" un autre jour).

fig. 1 : Retrouver du temps pour s’occuper des dossiers importants

Donc là c’est un peu le moment "flottant"... Celui où tu vois bien ce qu’il y a à faire maintenant, mais tu ne sais pas trop par quoi commencer, ou plutôt, si , tu sais exactement ce par quoi il faudrait commencer, mais bon, là, non, pas envie...

On verra demain.

Lever de lune, un soir de récolte

Vos commentaires

  • Le 25 novembre 2022 à 21:04, par Guillouroux claudine En réponse à : Fin de saison, terminé, bonsoir !

    Bravo à toute l’équipe. J’ai adoré lire l’article. De mon côté, là où l’année dernière, les pommes tombaient nombreuses pour notre famille, pas grand chose cette année !! J’avoue que j’étais un peu inquiète pour vous, mais me voilà rassurée 😉.
    Nous sommes prêts avec notre groupe de musique à venir vous voir l’été prochain. A très bientôt. Claudine.

  • Le 25 novembre 2022 à 23:21, par André Potier En réponse à : Fin de saison, terminé, bonsoir !

    Bravo pour cet article et les belles photos !

    C’est du vécu, magnifique, fabuleux etc...

    Bon courage pour le travail en cave et "à la prochaine !" au printemps...

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